Pour être bien informé… déconnectez-vous (un peu) !

Pour être bien informé… déconnectez-vous (un peu) ! 1024 675 kxiop

Entendu début mars chez l’un de nos clients : « On sait d’où provient le Coronavirus. Ce sont les fabricants de gel hydroalcoolique qui l’ont diffusé pour doper leurs ventes. La preuve, sur un emballage de 2018, il était déjà indiqué que ces gels étaient efficace contre le Coronavirus ! ». Le plus frappant ici n’était pas la fake news en elle-même, pour le coup facile à démonter, mais le fait qu’elle parvienne à atteindre une personne socialement intégrée et a priori très informée. Peut-être trop ?

Depuis 3 semaines, il ne se passe pas 10 min sans que n’arrive une notification, un mail, un whatsapp sur le Covid-19. Souvent sur le ton humoristique ou alarmiste sur les réseaux sociaux, sur un ton généralement plus grave s’agissant des annonces officielles et de leurs multiples analyses dans les médias traditionnels.

Cette accumulation d’information sur la crise que nous traversons n’est pas sans rappeler celle que l’on constate dans certaines entreprises, dont l’utilisation de certains outils, à commencer par le mail, n’est pas correctement régulée.

Si l’on se place du côté du récepteur, comment faire le tri, comprendre les enjeux et les rapports humain sous-jacents pour agir efficacement lorsqu’on découvre chaque jour 200 nouveaux messages dans sa boîte aux lettres professionnelle ?

Une solution que je préconise à ceux dont les boites débordent : classer automatiquement les mails dont on est seulement en copie dans un dossier à part. Être au courant de tout n’est, pour la plupart des fonctions, ni nécessaire ni même utile pour le bon accomplissement des missions attendues. Vous ne vous éviterez pas les questions du type « tu as vu mon mail sur le sujet de xxx », mais elles arriveront au compte-goutte lorsque votre intervention sera réellement utile.

Si l’on se place du côté de l’émetteur, les règles de bon usage du mail sont souvent établies et diffusée dans les entreprises (passer en direct quand le sujet le justifie, éviter les conversations en mode « répondre à tous », etc…), mais simplement mal appliquées.

A une exception notable près : dans les dispositifs de gestion de crise, lorsque ceux-ci ont été définis et préparés en amont. Dans tous les sujets de ce type que nous avons accompagné, la gestion de l’information entrante et sortante de la cellule de crise étant au cœur de son efficacité, ces deux questions sont soigneusement étudiées :

  • quelles sont les informations nécessaires et suffisantes à obtenir pour prendre les bonnes décisions, et
  • quelles sont les informations nécessaires et suffisantes à diffuser aux différentes parties prenantes pour qu’ils puissent agir efficacement ?

A l’échelle de l’entreprise, l’application de ce questionnement dans son fonctionnement quotidien – pas seulement en gestion de crise – donne également de bonnes lignes directrices de discipline collective.

A l’échelle d’un pays, et à plus forte raison dans une période de crise, force est de constater que ces notions de « nécessaire » et « suffisant », que les non matheux qualifierons simplement « d’essentielles », sont  vite oubliées dans notre environnement hyper-connecté.

Alors pour prendre le recul (suffisant) permettant de faire le tri (nécessaire) dans les quantités d’informations qui nous parviennent, rien ne vaut des moments de coupure.

Le confinement, dans mon cas, a au moins cette conséquence positive : les enfants basculent systématiquement la radio sur une onde musicale lorsqu’ils entrent dans une pièce, et ils sont les premiers à me reprendre en cas de consultation de mon téléphone à table.

Faites le test de votre côté : quelques moments de déconnexion sur votre journée de travail – et même de télétravail – ne devraient nuire ni à votre efficacité, ni à votre fiabilité de jugement.

Jean Roptin

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