Le Design Thinking : que faut-il en retenir au-delà des discours …

Le Design Thinking : que faut-il en retenir au-delà des discours … 926 535 kxiop

Le Design Thinking : Que faut-il en retenir au-delà des discours des vendeurs de méthodes …

Inexistante il y a encore quelques années, l’expression « design thinking » est aujourd’hui très populaire… et parfois utilisé pour qualifier des démarches qui n’ont que peu à voir avec la pratique du design. Aussi essayons d’en éclairer le sens.

Le design est à la base une activité de conception. Le designer est donc tout entier tourné vers la résolution de problème et la recherche de solutions : la plus adaptée, la moins chère, la plus résistante, la plus rapide, la plus juste… Bref LA solution.

Ce faisant, il ne fait pas grand cas du chemin emprunté pour peu que celui-ci soit efficace. Dans la pratique tout de même, quelques étapes invariantes ont été théorisées depuis que le design est devenu une discipline à part entière : observer la réalité, interroger la question de départ, décadrer, proposer et essayer. Si, en cours de route, le designer se rend compte que la réalité n’a pas été assez bien observée, la question pas assez bien problématisée, ou la proposition pas assez bien pensée, il n’hésite pas à rebrousser chemin. Inversement, parce qu’une bonne solution est aussi une solution qui arrive à temps, le designer ne cherche jamais l’exhaustivité dans chacune de ces étapes et il peut lui arriver de passer très vite sur l’une ou l’autre si les éléments en sa possession lui semblent suffisants pour atteindre l’objectif fixé. Pour le designer, les itérations, les décadrages créatifs, les accélérations et décélérations sont monnaie courante, pourvu que le projet en ressorte grandi.

En somme la pensée design redonne de la liberté au projet, là où le « mode projet » tel qu’il est pratiqué dans beaucoup d’entreprises, a fini par le tuer dans l’œuf. L’expression « design thinking » a aussi le mérite de rappeler qu’on n’a pas besoin d’être designer pour en adopter la posture et que tout le monde aurait potentiellement à y gagner.

Outre l’esprit de liberté qui caractérise sa façon de mener un projet, le « designer » se révèle particulièrement utile dans une séance de travail collectif, non pas dans sa dextérité à manipuler des post-it mais dans sa capacité à représenter les réflexions, à formaliser le contenu des échanges et à faire progresser le projet par la confrontation permanente entre les idées et leur concrétisation. Pour ce faire, il utilise des compétences de dessin et, plus généralement, de représentation graphique et volumique que bien souvent, lui seul maîtrise autour de la table.

Nous voici donc avec d’une part des « traducteurs graphiques et volumiques » professionnels – les designers – et d’autre part, une « méthode de projet itérative et collaborative » que ces derniers utilisent mais dont ils ne sont pas dépositaires.

Peut-être qu’un jour le terme de designer deviendra le qualificatif générique pour tous les participants à un projet puisque tout le monde partagera le même souci d’associer de manière cohérente le but recherché (le dessein) et la forme proposée (le dessin) pour trouver des solutions adaptées aux problématiques rencontrées. On ne parlera alors plus de design thinking ou de « pensée design » mais simplement de « projet », un principe autrefois dévoyé mais qui aura retrouvé toutes ses lettres de noblesse et, par la même occasion, tout l’esprit de mise en tension, volontaire et joyeuse, entre les contraintes vécues et les objectifs recherchés.

Tout le monde aura compris que la réussite d’un exercice de conception passe par la pluralité des compétences, l’agilité de son animation et le fait d’oser embrasser la complexité.